Ali SYLLA - De la finalité spéculative de la sensation chez Descartes |
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09-02-2011 | |
De la finalité spéculative de la sensation chez Descartes Ali SYLLA Université de Bouaké Introduction Intenté par une tradition philosophique bien assise qui remonte à Héraclite et à Platon, le procès contre la sensation condamne celle-ci et, comme sentence, recommande de la bannir de la cité de la science. Reconnue en effet coupable du délit de versatilité, alors que le vrai requiert stabilité, constance, invariance, la sensation est frappée du déni de scientificité et excommuniée au profit de la raison, considérée dorénavant comme seule instance jouissant de la légitimité scientifique. L’histoire de la philosophie, fort de ce que Descartes, dans sa quête de la connaissance, oint l’entendement et se défie des sens, le fait volontiers siéger au tribunal ayant prononcé ce bannissement de la sensation. Ainsi, Emanuela Scribano croit savoir que pour Descartes, la sensation « ne sert qu’au domaine pratique et [que] l’homme se trompe quand il utilise à des fins de connaissance des informations qui lui ont été données pour mieux guider sa vie (et qui n’ont en elles-mêmes aucune finalité spéculative) »1. Mais la sensation chez Descartes n’a-t-elle qu’une finalité pratique ? Est-elle dépourvue de visée spéculative, d’intérêt pour la science ? Il nous semble plutôt que les informations issues des sens participent, à un niveau ou à un autre, à l’élaboration de la connaissance. Telle est la position qui sera défendue dans notre analyse. Mais avant de la défendre, nous chercherons à savoir dans quelle mesure l’idée d’une récusation de la sensation par Descartes est fondée. |